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Les différents troubles de la vision

mardi 20 novembre 2007


Atteinte de la vision centrale

* Le premier grand type de malvoyance est le mieux connu. Il s´agit des cas où l´atteinte visuelle concerne la partie centrale de la rétine. Les cellules regroupées à cet endroit de la rétine permettent la vision des formes et des couleurs, mais surtout ont un très grand pouvoir discriminant. Ce sont elles qui rendent possible la vision des détails. Avoir une atteinte de cette partie de la rétine suppose donc une réduction importante de l´acuité visuelle. Les sujets dans ce cas décrivent une tache au niveau du point de fixation visuel, plus ou moins étendue en fonction de la taille de l´atteinte centrale de la rétine. Cette tache n´est évidemment pas contournable. Bouger l´oeil et changer le point de fixation correspond à déplacer la tache vers le nouveau point fixé. L’oeil bouge, mais la gêne visuelle suit.

* Pour ces sujets le handicap va concerner la vision de près et l´ensemble des activités nécessitant un contrôle visuel précis. Au premier rang d´entre-elles la lecture et le contrôle visuel de l´écriture vont être rendus difficiles ou impossibles. Ils vont conserver une bonne perception de l´espace, des grandes formes et du mouvement. De ce fait, hormis dans les zone de fort encombrement, ils pourront continuer à circuler et se déplacer. En revanche ils leur sera difficile ou impossible de lire de près des caractères de taille normale (dactylographique, d´imprimerie ou de journaux), ou de plus loin des caractères un peu plus grands (le nom d´une rue, le numéro de quai d´un train...)

Atteinte de la vision périphérique

* Pour rester très schématique, on peut décrire la deuxième catégorie de malvoyance comme étant à l´opposé de la précédente. Dans ce cas, ce n´est plus la vision centrale et l´acuité visuelle qui sont atteintes, mais le champ périphérique. Les sujets n´ont plus de perception visuelle possible ou de qualité suffisante, autour du point de fixation. Au contraire leur champ visuel se rétrécit jusqu’à devenir tubulaire. Ils conservent une acuité correcte, la zone maculaire de la rétine n´étant pas atteinte, mais ils ne voient que ce qu’ils fixent et plus rien autour, ou presque, comme lorsque l´on regarde dans un tube ou un canon de fusil. Il leur est possible de regarder à côté du précédent point de fixation, s´ils déplacent leur regard, mais alors ils ne perçoivent plus ce qui était précédemment fixé.

* Le handicap conséquent de ce type d´atteinte périphérique, à la suite par exemple de certaines formes de rétinite pigmentaire, est particulièrement invalidant mais aussi difficilement compréhensible d’emblée par l´entourage. Les sujets conservent des capacités de lecture, mais il leur faut, pour lire efficacement, que la taille des caractères soit suffisamment réduite pour ne pas dépasser la largeur de leur champ visuel. Ainsi, il leur est parfois plus aisé de lire des caractères de journaux que les manchettes de ces mêmes journaux, une notice q’un placard publicitaire, un dictionnaire qu’un plan de ville. Pour eux, à l´opposé de l´idée communément admise, grossir un texte revient à accroître d´autant leurs difficultés.

* Par ailleurs ces patients ont besoin d´une quantité de lumière plus importante que la moyenne pour voir efficacement et, en deçà d´un seuil, manquent d´informations visuelles pertinentes. Dans l´obscurité et en vision nocturne le handicap peut être plus important, ou dans certains cas, total.

* Enfin ces sujets sont fortement gênés pour se déplacer. Leur champ visuel réduit à quelques degrés, leur permet de pointer précisément des éléments de l´espace environnant, mais de manière isolée, morcelée, comme un puzzle dont chaque pièce n´est perçue qu´isolément sans parvenir à une globalité et une continuité de l´image. Alors qu’à l´arrêt ils peuvent percevoir et lire des informations de petite taille, en dynamique (pour se déplacer ou suivre visuellement un ou plusieurs déplacements d´objets, de voitures, de passants...), l´étroitesse de leur champ de vision limite leur efficience et partant leur autonomie.

La vision floue

* La troisième forme de déficience visuelle est celle d´une vision globalement floue. La vision des sujets dans ce cas ressemble à celle que l´on peut avoir à travers un verre dépoli. La lumière passe toujours mais dans un milieu qui, par son opacité, la diffuse. La source lumineuse, au lieu de se réfléchir précisément sur la rétine, se diffuse et ses contours s´atténuent.

* La perception de l´environnement par ces sujets est une perception de forme, de masse, d´ombres et de lumières aux limites d´autant plus mal définies que la déficience est importante. Les contrastes, les distances et les reliefs deviennent difficiles à apprécier de près, et surtout de loin. L’environnement se fond dans une imprécision faite autant d´atténuations des formes, des couleurs et des aspects saillants, que de confusions. Il perd son attrait, son caractère et son intérêt intellectuel ou esthétique. Plus rien ne ressort, n´attire l´oeil, que des formes et des lumières plus ou moins vives, dans les cas les plus graves. La motivation à regarder n´est plus qu’utilitaire : pour s´orienter, pour analyser des formes et tenter d´y reconnaître un objet, une direction ou un danger. Le plaisir de voir est lui fort limité quand ce n´est pas inexistant. Les sujets qui avaient auparavant une vision normale, soulignent souvent cette impression de percevoir un espace neutre, froid et approximatif, d´où peut surgir un danger, mais qui ne procure pas (plus) de plaisir.

* Les lettres, les petits détails ne sont plus ou mal perçus, et les grandes formes, estompées ou déformées selon l´éclairage et les reflets. En effet, la diffusion de la lumière dans l’oeil et sur la rétine la rend rapidement gênante. Pour ces patients, une forte luminosité est « aveuglante » alors que pour un voyant elle est supportée voire adaptée. On dit qu’ils sont photophobes, ce qui signifie que leur tolérance à la lumière est inférieure à la normale. Le soleil de face, des phares de voiture, le reflet d´une vitrine, les privent momentanément de vision et provoquent des réactions d´évitement et de malaise physique. Réactions que l’on a tous vécues lors d´éblouissements violents.

Les atteintes visuelles d´origine cérébrale

* Les capacités de réaction et d´adaptation du cerveau humain à un traumatisme ou à une lésion, comme son mode de traitement des informations sensorielles, sont fort complexes et loin d´être totalement maîtrisés par les connaissances présentes. De plus, dans un assez grand nombre de cas, l´atteinte cérébrale ne provoque pas seulement des troubles de la vision, mais aussi des perturbations neuropsychologiques plus larges ; troubles de l’attention, de la mémoire, du comportement.

* Il est possible de recenser de manière simple et donc nécessairement réductrice, les principaux types de handicaps visuels que ces atteintes peuvent provoquer :

o les hémianopsies (associées, ou non, à des négligences visuo-spatiales) sont définies comme « l´impossibilité de réagir, s´orienter, rendre compte de stimuli présentés dans l’hémiespace controlatéral à la lésion hémisphérique ». Le traitement et la recherche ordonnée des informations visuelles n´est plus possible du côté opposé à celui de la lésion. On observe que dans la plupart des cas, il s´agit de conséquences de lésions hémisphériques droites. Pour ces patients, ce qui se trouve à leur gauche n´existe plus ou n’est plus pris en compte. Ils ne voient ou ne font attention, par exemple, qu’à la partie droite d´une publicité placée devant eux, ne mangent que ce qui est dans la moitié droite de leur assiette, ont tendance à ne lire que la partie droite d´un texte et ont, par conséquent, des difficultés de retour à la ligne. Pour eux, une rééducation est nécessaire, fondée sur deux principes. Les amener à prendre conscience de cette hémi-négligence parfois ignorée et d´autre part les habituer à suppléer consciemment à leur trouble, par exemple grâce à une verbalisation répétée de la consigne : « Regardez à gauche ! » (autant de fois qu´il faut au début de la rééducation, de façon à amener le sujet à y parvenir sans renforcement).

o les autres troubles du regard regroupent un ensemble de pathologies fort diverses pour lesquelles l´acte de regarder est perturbé. Le regard est fixe, sa commande volontaire défectueuse ou le champ d´attention visuelle est réduit de manière concentrique ( sans que la rétine périphérique soit lésée) et ne permet la perception que d´un objet unique par fixation, quelle que soit la taille de l´objet fixé. (Il s´agit du syndrome de BALINT ou de syndromes proches).

o la cécité corticale (ou cécité occipitale), conduit les sujets à se comporter comme des aveugles, mais à se déplacer ou à manipuler des objets sans maladresse ou difficulté majeure. Généralement, cet état est transitoirement observé juste après le traumatisme, et il est suivi d´une récupération, variable selon les cas, de l´utilisation consciente du potentiel visuel.

o l’agnosie visuelle est un « trouble de la reconnaissance des éléments du monde extérieur en l´absence de toute perturbation sensorielle élémentaire ». Le sujet agnosique peut trouver et utiliser un objet de manière spontanée, mais ne peut pas sur ordre le reconnaître à partir de la simple information visuelle. Incapable de trouver visuellement une clé qu´on lui dit être posée sur la table, il peut l´identifier après l´avoir touché et l´utiliser pour ouvrir une porte. Il a besoin de se servir d’une autre modalité sensorielle pour traiter des informations perceptives, l’utilisation consciente du canal visuel étant perturbée.

Le lien suivant amène à une vidéo de la télévision suisse sur l’agnosie des visages.


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